De l’hypersexualisation à la sexualité consciente : et si on changeait de regard ?

Il y a des sujets qu’on n’ose pas toujours aborder, et pourtant ils vivent dans nos corps, dans nos silences, dans nos doutes. Celui-ci en fait partie. Alors j’ai eu envie de poser des mots, pas pour expliquer, mais pour ouvrir. Pour déposer ce que je vois, ce que j’entends, ce que je ressens — et peut-être, ce que tu ressens aussi.

Pourquoi parler de sexualité aujourd’hui ?

Parce que ce qui était intime est devenu spectacle.

Parce que ce qui était relation est devenu performance.

Parce que ce qui était exploration est devenu injonction.

Nous vivons dans une époque où la sexualité est omniprésente — mais paradoxalement, de plus en plus déconnectée du corps, du cœur, et du sens.

L’image domine. Le fantasme est calibré. Le désir est scénarisé.

Et derrière les apparences, je vois des femmes qui doutent, qui s’épuisent, qui se comparent, qui se taisent.

L’hypersexualisation ne se limite pas aux clips ou aux réseaux sociaux.

Elle s’infiltre dans les conversations, les attentes, les relations.

Elle impose des rôles :

– Domination / soumission

– Maîtrise / abandon

– Séduction / disponibilité

Et elle impose des performances :

– Être toujours prête.

– Être toujours désirable.

– Être toujours “bonne”.

Mais à quel prix ?

Celui du consentement flou.

Celui du plaisir feint.

Celui du corps qui dit non quand la tête dit oui.

Je vois des femmes qui s’interrogent :

– “Est-ce que je suis normale si je n’ai pas envie ?”

– “Est-ce que je dois dire oui pour ne pas perdre l’autre ?”

– “Est-ce que je suis trop pudique, trop lente, trop compliquée ?”

Et je vois des corps qui somatisent.

Des ventres qui se nouent.

Des douleurs qui s’installent.

Des compulsions qui surgissent.

Parce que la sexualité, quand elle est déconnectée de soi, devient source de tension, de confusion, de dissociation.

Et puis, parfois, quelque chose en nous appelle à faire autrement.

À ralentir.

À écouter.

À revenir au corps, non pas comme un objet à montrer ou à corriger,

mais comme un lieu vivant, sensible, habité.

Un lieu où l’on peut sentir.

Un lieu où l’on peut dire non.

Un lieu où l’on peut dire “pas maintenant”, “je ne sais pas”, “je veux autrement”.

Il y a une autre manière de vivre la sexualité.

Une manière qui ne cherche pas à plaire, mais à se relier.

Qui ne cherche pas à performer, mais à ressentir.

Qui ne cherche pas à correspondre, mais à s’incarner.

Une sexualité qui ne commence pas dans l’image, mais dans la présence.

Dans un souffle.

Un regard.

Un silence partagé.

Un toucher lent.

Une parole vraie.

Cette sexualité-là ne se mesure pas.

Elle ne se compare pas.

Elle ne se prouve pas.

Elle se vit.

Elle se découvre.

Elle se construit, pas à pas, dans un espace de sécurité, de lenteur, de confiance.

Et peut-être, un jour, le droit de se dire :

Je n’ai pas besoin d’être parfaite pour être aimée.

Je n’ai pas besoin de jouer un rôle pour être désirée.

Je peux être moi.

Et c’est suffisant.

Previous
Previous

Ne pas vouloir réellement guérir

Next
Next

Estime de soi : ce lien intime qui façonne notre rapport au corps